Kezako mundi 81
Octobre 2024
32 pages
5,90 € TTC
Octobre 2024
32 pages
5,90 € TTC
Pour ce dernier numéro, nous aurions pu clore l’aventure sur un thème léger. Toutefois, nous avons choisi au contraire d’évoquer un thème lourd et trop souvent tabou : celui des violences sexuelles faites aux enfants et adolescent·e·s. Pourquoi terminer sur un sujet aussi grave ? Justement parce qu’il fait encore aujourd’hui partie des sujets trop peu évoqués, que l’on n’ose pas aborder, délicats à traiter. Pourtant, en parler est nécessaire, salutaire même pour les victimes qui sans cela demeurent enfermées, prisonnières de leur silence. Un silence qui fait la part belle aux agresseurs. Un silence qui permet à l’impunité de perdurer. Un silence qui place la culpabilité du mauvais côté, de celui de la victime alors même que celle-ci n’a aucune part de responsabilité, alors même que l’agresseur est celui qui devrait être, toujours, placé face à ses responsabilités. Un silence qui empêche bien souvent que les agresseurs soient poursuivis et condamnés. Et, en particulier lorsque ces violences sont perpétrées au sein même des familles, un silence qui entretient ce que l’anthropologue Dorothée Dussy nomme le « système inceste », c’est-à-dire le silence autour de l’inceste dans nos sociétés en dépit de l’interdit légal. Comme si ces violences, comme elles s’inscrivent dans la sphère de la famille, étaient de l’ordre de l’intime et ne regardaient ni la société, ni la justice. Et pourtant bien sûr qu’elles regardent la société et la justice car comment lutter contre sinon, comment accompagner les victimes sinon, comment leur permettre de parler, de dénoncer ces violences et de faire condamner leur agresseur sinon ?