Kezako mundi 79

« Allez, on le fait ! » Voilà la phrase fatidique par laquelle un groupe peut se lancer un défi. Que l’on s’encourage pour monter sur une attraction à sensation, pour se rendre à une fête en dépit de sa timidité et du peu de personnes de notre connaissance présentes là-bas, ou encore pour partir seul, sans les parents, pour la première fois en week-end avec une bande d’ami·e·s, toutes ces situations nécessitent une forme de courage et d’affronter certaines de nos peurs. Peur d’aborder une personne, peur de la foule, peur de l’inconnu, peur du vide… 

En dépit des manifestations désagréables de notre corps face à la peur : sueurs froides, cœur à 2 000 à l’heure et autre piquage de fard, nous sommes nombreux à y retourner, à se confronter régulièrement à nos peurs. Cela pour deux principales raisons : pour nous prouver quelque chose à nous-même en surmontant nos peurs et parce que le fait de nous dépasser amène notre corps à libérer de la dopamine, alias l’hormone du bien-être. 

Affronter ses peurs fait en outre partie de l’apprentissage, du vécu, de l’expérience. On apprend ainsi à se protéger, à être plus résistant face aux situations stressantes, voire angoissantes. Expérimenter la peur en somme sans se mettre réellement en danger, tel l’enfant sous sa couette affrontant ses peurs en tournant les pages de son conte préféré qui fait la part belle à la terrifiante image de l’ogre…

Pour autant, gare à ne pas devenir accro à cette sensation et à la rechercher sans cesse en s’exposant à des pratiques ou situations réellement dangereuses. Là se situe la limite entre la peur bénéfique pour l’estime et la construction de soi ; et la peur recherchée à tout prix, au mépris du danger, dans le but de se sentir vivant.